**Constat
actuel
L’Afrique, continent de toutes les croissances,
assure son développement aussi par la construction des infrastructures diverses
(barrage, pont, route, stade,…)
Nul ingénieur ne saurait dimensionner et construire
sans études de sol et études techniques pour établir sa note de calcul. Ces
études sont régies par des normes et réglementations qui doivent être le plus
fidèle possible à l’environnement de l’ouvrage.
Pour nos calculs, nous avons tous eu à appliquer des
théorèmes, des principes, des normes, des règlements à caractère universelle;
établis par de savants, datant parfois de l’époque antique. Toutefois pour ce
qui est des constructions de grands projets, il est lieu de prendre en compte
la particularité de l’environnement dans lequel il sera placé ; il ne s’agit
plus d’appliquer, simplement, des formules universelles mais aussi les normes du
pays établis en fonction de sa particularité géotechnique, géophysique, climatique, hydrique,…
Pourtant toutes les notes de calcul en Afrique sont truffées
de normes étrangères (NF, SIA, ASTM, EUROCODES,…) établies dans un contexte environnemental
différent du nôtre. D’aucuns diraient qu’ils ont toujours procéder ainsi sans dommage !
Il faut rappeler que la science par définition exacte n’existe pas, elle tolère
juste une marge d’erreur et la métrologie nous le dit si bien : l’accumulation
de multiples « petites » erreurs conduisent indéniablement à des
valeurs fausses.
Allez dans les bibliothèques d’universités
africaines et trouvez une classification des sols par régions, ou une norme
technique de dimensionnement de votre pays. Peu d’entre vous en trouverons. Certains
pays, on fait des progrès dans ce sens : l’Algérie à son code parasismique
(le RPA), le Congo Brazza a sa propre classification de sols, le Madagascar à
son règlement anticyclone. La Tunisie, le Maroc, le Cameroun ont leurs propres normes techniques (NT, NM, NC)… .Ces progrès
restent éparpiller, tous les pays du continent ne sont pas au même niveau et la
plupart utilisent aujourd’hui des normes ou règlements établis depuis plusieurs
décennies, faute de mise à jour (C’est le cas, du guide pratique de
dimensionnement des chaussées pour les pays tropicaux de 1984).
Pour
compliquer les choses la plupart des entreprises étrangères œuvrant sur
le continent n’utilisent pas le même règlement : si au Gabon on applique les
normes françaises, l’Angola elle va privilégier les normes espagnoles ou
portugaises, le Congo travaillant avec des normes belges et françaises… L’absence
de cadre normatif est criarde en Afrique, elle est influencée par les normes des
pays colonisateurs qui ne partageaient pas, jusqu’à récemment encore, le même
règlement.
Dans ces conditions, les coopérations inter-Etats
dans le domaine technique restent très faibles, il est difficile de garantir
des constructions fiables ou respectant leur durabilité annoncée, ou de
participer à l’élaboration des normes internationales. On assiste à l’application
de techniques non adaptées, diverses ou de niveau beaucoup trop élevé
entrainant une perte d’énergie et d’argent, pénalisant les communautés et
les Etats emprunteurs.
Si depuis 1970, le 14 Octobre, est la journée
mondiale de la normalisation ; c’est depuis 2013 que le 19 Juin est
décrétée, journée africaine de la
normalisation par l’Organisation Africaine de la Normalisation (ORAN/ARSO) née
en 1977.
Selon Marcelin KANA, Secrétaire général du Comité
Technique de la Géotechnique Africaine (CTGA), la normalisation est une
entreprise participative, qui requiert de la volonté politique, de l’expertise,
des moyens et surtout du temps et de l’abnégation. En d’autres termes pour de
grandes avancées il faut vulgariser la normalisation à tous les niveaux et disposer
des outils nécessaires aux recherches et expérimentations. La formation d’experts
qualifiés est aussi à encourager afin de renforcer les capacités des organismes
de normalisation.
Dans le domaine de la route, de multiples actions
sont menées, depuis les années 1964, par le biais de conférences, séminaires,
journées et congrès de chercheurs et spécialistes, pour l’évolution des
politiques et techniques routières en Afrique. Le CTGA, en collaboration avec
divers acteurs dont l’ALBTP (Association des Laboratoires de Bâtiments et de
Travaux Publics), annonce bientôt la mise à jour du Guide pratique de dimensionnement
des chaussées pour les pays tropicaux prenant en compte les spécificités
des pays ; un confort de plus pour les usagers, une économie pour les
Etats.
En février 2014 se tiendra à Kinshasa, le 2ème forum
international « Des Normes pour l’Afrique ». Pour le Secrétaire
général de la Francophonie, le Président Abdou Diouf, cela démontre que « la normalisation constitue une étape
majeure pour l’inscription de l’Afrique
dans la chaine des valeurs internationale ».
C’est dire l’éveil des consciences et l’intensification
des efforts pour la réalisation et l’harmonisation des standards. Quelque part l’établissement
d’un code unique dans le domaine de la construction par l’Europe, EUROCODES,
nous simplifie la tâche des normes africaines ; il ne reste plus qu’à redéfinir
les parties incohérentes à nos écosystèmes. Espérons que cela aboutisse aux AFRICODES !
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